Vous êtes trop gentils!!
Pour vous récompensez... le chapitre 2!! Ouais!!
Bonne lecture! :D
« Juste en bas ! » dit la voix caverneuse, tandis que les orphelins Baudelaire commençaient leur parcours du combattant pour descendre l’échelle. « Ouep ! Attention à l’échelle ! Fermez derrière vous ! Ne vous précipitez pas ! Non ― prenez votre temps ! Ne tombez pas ! Attention où vous marchez ! Ouep ! Ne trébuchez pas ! Ne faites pas de bruit ! Ne m’effrayez pas ! Ne regardez pas en bas ! Non ― regardez où vous allez ! N’amenez aucun liquide inflammable avec vous ! Regardez vos pieds ! Ouep ! Non ― regardez votre dos ! Non ― regardez votre bouche ! Non ― regardez vous ! Ouep ! »
« ― Ouep ? » souffla Prunille à ses frères et sœurs.
― Ouep, expliqua Klaus doucement, est un autre mot pour dire "oui". »
« Ouep ! répéta la voix. Gardez les yeux ouverts ! Faites attention au dessous ! Faites attention au dessus ! Faites attention aux espions ! Faites attention l’un à l’autre ! Faites attention ! Ouep ! Soyez très prudent ! Soyez sur vos gardes ! Soyez beaucoup ! Faites une pause ! Non ― continuez ! Restez réveillés ! Calmez vous ! Descendez ! Continuez la descente ! Ne vous fâchez pas ! Ouep ! »
Aussi désespérée que leur situation puisse paraître, les Baudelaires étaient presque morts de rire. La voix sortait tellement d’instructions, dont tellement peu voulaient dire quelque chose, qu’il aurait été impossible pour les enfants de les suivre, et la voix était assez joyeuse et un petit peu dispersée, comme si qui que ce soit, la personne qui parlait se fichait pas mal de si oui ou non ces instructions étaient respectées, et les avait probablement déjà oubliées.
« Accrochez vous à la grille ! », continua la voix, tandis que les Baudelaires aperçurent une lumière à la fin du tunnel.
« Ouep ! Non ― accrochez vous à vous-mêmes ! Non ― accrochez vous à vos chapeaux ! Non ― accrochez vous à vos mains ! Non ! Attendez ! Attendez une minute ! Attendez une seconde ! Arrêtez d’attendre ! Arrêtez la guerre ! Arrêtez l’injustice ! Arrêtez de m’embêter ! Ouep ! »
Prunille fut la première à entrer dans le tunnel, elle fut donc la première à en atteindre le fond et à descendre précautionneusement dans une petite pièce vague, de plafond très bas. Au centre de la pièce se tenait un homme énorme habillé d’un costume brillant fait avec une sorte de matériel qui avait l’air très glissant, et des bottes ayant également l’air glissantes à ses pieds. Sur le costume il y avait le portrait d’un homme barbu, bien que l’homme qui portait le costume n’ait lui-même pas de barbe, simplement une très longue moustache qui s’enroulait aux deux extrémités comme une paire de parenthèses.
« L’un de vous est un bébé ! cria-t-il, tandis que Klaus et Violette descendaient eux-mêmes du tunnel après leur sœur. Ouep ! Non ― deux d’entre vous sont des bébés ! Non ― vous êtes trois ! Non ― pas un seul d’entre vous n’est un bébé ! Enfin, l’un de vous est une sorte de bébé ! Bienvenue ! Ouep ! Salut ! Bonjour ! Allo ! Serrez moi la main ! Ouep ! »
Les Baudelaires secouèrent rapidement la main de l’homme, qui était recouverte d’un gant fait de la même matière glissante.
« ― Je m’appelle Violette B― commença Violette
― Baudelaire ! interrompit l’homme. Je sais ! Je ne suis pas idiot ! Ouep ! Et vous êtes Klaus et Prunille ! Vous êtes les Baudelaires ! Les trois enfants Baudelaire ! Ouep ! Ceux que le
Petit Pointilleux accuse de tous les crimes auxquels ils peuvent penser mais vous êtes vraiment innocents mais pourtant vous êtes dans les ennuis jusqu’au cou ! Bien sûr ! Heureux de vous rencontrer ! En personne ! Pour ainsi dire ! Allons-y ! Suivez moi ! Ouep ! »
L’homme tournoya et sortit à pas bruyants de la pièce, ne laissant aux Baudelaires déconcertés pas d’autre alternative que de le suivre dans le couloir. Le couloir était recouvert de divers tubes qui couraient le long des murs, par terre et au plafond, et du coup les Baudelaires devaient parfois se baisser, ou enjamber des tuyaux pour pouvoir avancer. Des gouttes d’eau tombaient parfois de l’un des tubes et atterrissaient sur leurs têtes, mais ils étaient déjà tellement trempés par les eaux de la Frappée que c’est à peine s’ils le remarquaient. En plus, ils étaient déjà trop occupés à essayer de suivre ce que l’homme disait pour penser à autre chose.
« ― Voyons voir ! Je vais vous mettre au travail dès maintenant ! Ouep ! Non ― d’abord je vais vous faire visiter ! Non ― je vais vous servir le déjeuner ! Non ― je vais vous présenter mon équipage ! Non ― je vais vous laisser vous reposer ! Non ― je ferais mieux de vous donner des uniformes ! Ouep ! C’est important que tout le monde à bord porte un uniforme qui résiste à l’eau, au cas où le sous-marin s’effondre et que nous nous trouvions sous l’eau ! Bien sûr, dans ce cas nous aurons besoin de casques de plongée ! Sauf Prunille parce qu’elle est trop petite pour en porter ! Je pense qu’elle serait noyée ! Non ― elle peut s’entortiller à l’intérieur d’un casque de plongée ! Ouep ! Les casques ont une petite porte sur le cou exprès pour cela ! Ouep ! J’ai déjà vu quelqu’un le faire ! J’ai vu tellement de choses dans ma vie !
― Excusez-moi, dit Violette, mais pouvez-vous nous dire qui vous êtes ?
L’homme tournoya pour faire face aux enfants releva ses mains au-dessus de sa tête.
―
Quoi? tonna l’homme. Vous ne savez pas qui je suis ? Je n’ai jamais été autant insulté de ma vie ! Non ― j’ai déjà été plus insulté. Plusieurs fois, même. Ouep ! Je me rappelle quand le Comte Olaf se tourna vers moi et dit, de cette horrible voix qui est la sienne ― Non, laissez tomber. Je vais vous le dire. Je suis le Capitaine Widdershins. Ca s’écrit W-I-D-D-E-R-S-H-I-N-S. A l’envers c’est S-N-I-H-S-R ― enfin, laissez tomber. Personne ne l’écrit à l’envers! Sauf les gens qui n’ont aucun respect pour l’alphabet ! Et ils ne sont pas là ! N’est-ce pas ?
― Non, dit Klaus. Nous avons beaucoup de respect pour l’alphabet.
― Je devrais dire la même chose ! cria le capitaine. Klaus Baudelaire manque de respect pour l’alphabet ? Eh bien, c’est impensable ! Ouep ! C’est illégal ! C’est impossible ! Ce n’est pas vrai ! Comment oses-tu le dire ! Non ― tu ne l’as pas dit ! Je m’excuse ! Mille fois pardon ! Ouep !
― C’est votre sous-marin , Capitaine Widdershins ? demanda Violette.
―
Quoi? rugit le capitaine. Tu ne sais pas à qui est ce sous-marin ? Une inventrice renommée comme toi, et tu n’as pas la moindre notion d’histoire basique des sous-marins ? Bien sûr que c’est mon sous-marin ! C’est mon sous-marin depuis des années ! Ouep ! Vous n’avez jamais entendu parler du
Capitaine Widdershins et du
Queequeg ? Vous n’avez jamais entendu parler du Sous-marin Q et son Equipage de Deux ? C’est un petit surnom que j’ai moi-même inventé ! Avec un peu d’aide ! Ouep ! Je pensais qu’Agrippine vous aurait parlé du
Queequeg ! Après tout, j’ai patrouillé sous le lac Chaudelarmes pendant des années! Pauvre Agrippine ! Il ne se passe pas un jour sans que je pense à elle ! Ouep ! Sauf quand il y a des jours où ça glisse de mon esprit !
― Nottooti? demanda Prunille
― On m’avait dit que ça me prendrait du temps pour comprendre tout ce que tu dis, dit le capitaine, regardant Prunille. Je ne suis pas sûr de trouver le temps pour apprendre un autre langage étranger ! Ouep ! Peut-être pourrais-je m’enrôler dans un cours de nuit !
― Ce que ma soeur veut dire, dit Violette rapidement, c’est que c’est curieux que vous sachiez autant de choses nous concernant.
― Comment n’importe qui sait n’importe quoi sur n’importe quoi ? répondit le capitaine. Je le lis, bien sûr ! Ouep ! J’ai lu toutes les Vraies Dépêches Communiquées aux volontaires que j’ai reçu ! Bien que depuis quelque temps je n’en reçoit plus aucune ! Ouep ! C’est pourquoi je suis content que vous soyez arrivés ! Ouep ! J’ai cru que j’allais m’évanouir quand j’ai scruté les eaux à travers le périscope et vu vos petits visages humides me regarder ! Ouep ! J’étais sûr que c’était vous, mais je n’ai pas hésité à vous demander le mot de passe ! Ouep ! Je n’hésite jamais ! C’est ma philosophie personnelle ! »
Le capitaine s’arrêta au milieu du vestibule, et pointa du doigt un rectangle de cuivre accroché au mur. C’était une plaque, un mot qui signifie ici « rectangle de métal avec des mots gravés dessus, souvent pour indiquer que quelque chose d’important était arrivé à l’endroit où le rectangle est accroché ». Cette plaque avait un large œil de VDC gravé sur le dessus, qui surveillait les mots LA PHILOSOPHIE PERSONELLE DU CAPITAINE gravés en grosses lettres, mais les Baudelaires durent apprendre ce qu’il était marqué en dessous.
« ― Celui ou celle qui hésite est perdu ! cria le capitaine, pointant chaque mot d’un doigt boudiné recouvert d’un gant.
― Ou celle, ajouta Violette, désignant deux mots que quelqu’un avait ajouté à la main.
― Ma belle-fille a ajouté ça, dit le Capitaine Widdershins. Et elle a raison ! Ou celle ! Un jour que je marchais dans ce vestibule, j’ai réalisé que n’importe qui pouvait être perdu s’il hésitait ! Une énorme pieuvre pourrait vous pourchasser, et si vous décidez de vos arrêter pour lacer vos chaussures, qu’arriverait-il ? Tout serait perdu, voilà ce qui arriverait ! Ouep ! C’est ma philosophie personnelle ! Je n’hésite jamais ! Jamais ! Ouep ! Enfin, quelques fois seulement ! Mais j’essaye de ne pas le faire ! Parce que celui ou celle qui hésite est perdu ! Allons-y ! »
Sans hésiter une seconde de plus devant la plaque, le Capitaine Widdershins tournoya et laissa les enfants plus loin dans le couloir, qui résonnait à chaque pas du bruit bizarre que faisaient ses bottes résistantes à l’eau. Les enfants étaient quelque peu étourdis par le langage du capitaine, ils pensaient à sa philosophie personnelle et se demandaient si oui ou non ils allaient l’adopter. Avoir une philosophie personnelle c’est comme avoir un animal de compagnie, dans le sens où cela peut sembler très attrayant au moment où vous l’adoptez, mais il peut y avoir des situations où elle se rend complètement inutile. « Celui où celle qui hésite est perdu » pouvait paraître une philosophie sensée au premier coup d’œil, mais les Baudelaires pouvaient citer beaucoup de situations dans lesquelles hésiter s’était révélé être la meilleure chose à faire. Violette était ravie d’avoir hésité, quand elle et ses cadets vivaient chez leur tante Agrippine, sans quoi elle n’aurait peut-être jamais réalisé l’importance des pastilles de menthe qu’elle trouva dans sa poche. Klaus était ravi d’avoir hésité à la clinique Heimlich, sans quoi il n’aurait peut-être jamais trouvé un moyen de se déguiser, Prunille et lui, en médecins professionnels pour pouvoir sauver Violette d’une opération chirurgicale inutile. Et Prunille était ravie d’avoir hésité en-dehors de la tente d’Olaf sur le mont Augur, sans quoi elle n’aurait peut-être jamais entendu le nom du dernier lieu sûr, que les Baudelaires espéraient toujours atteindre. Mais malgré tous ces évènements pendant lesquels hésiter s’était trouvé utile, les Baudelaires de souhaitaient pas adopter « Celui où celle qui n’hésite pas est perdu » comme leur philosophie personnelle, parce qu’une pieuvre géante pouvait se montrer à n’importe quel moment, particulièrement quand les Baudelaires étaient dans un sous-marin, et les enfants seraient vraiment idiots d’hésiter si la pieuvre les poursuivait. Peut-être, pensaient les Baudelaires, que la philosophie personnelle la plus sage concernant l’hésitation serait « Parfois il ou elle devrait hésiter et parfois il ou elle ne devrait pas hésiter », mais cela semblait bien trop long et vague pour l’écrire sur une plaque.
« ― Peut-être que si je n’avais pas hésité, continua le capitaine, le
Queequeg aurait éte réparé depuis longtemps ! Ouep ! Le sous-marin Q et son Equipage de Deux n’est pas dans son meilleur état, j’ai bien peur ! Ouep ! Nous avons été attaqués par des bandits et des sangsues, par des requins et des agents immobiliers, par des pirates et des petites copines, par des torpilles et des saumons en colère ! Ouep ! » Il s’arrêta devant l’épaisse porte de métal, se tourna vers les Baudelaires et soupira. « Tout, depuis mon mécanisme de radars jusqu’à mon réveil, ne fonctionne pas bien ! Ouep ! C’est pourquoi je suis content que tu sois là, Violette Baudelaire ! Nous avons recherché avec acharnement quelqu’un aux talents mécaniques!
― Je vais voir ce que je peux faire, dit Violette.
― Et bien, regarde! cria le Capitaine Widdershins, et il pivota et ouvrit la porte. Les Baudelaires le suivirent dans une énorme pièce caverneuse qui résonnait quand il parlait. Il y avait des tuyaux au plafond, des tuyaux sur le sol, et des tuyaux qui sortaient des murs à chaque angle. Entre les tuyaux, il y avait collection étourdissante de machines à boutons, engrenages et petits écrans, de même que des petits signes qui disaient DANGER !, ATTENTION !, et CELUI OU CELLE QUI HESITE EST PERDU !. Ici et là gisaient des lumières vertes, et tout au fond il y avait une énorme table en bois où s’entassaient livres, cartes et vaisselle sale, qui se trouvait juste en dessous d’un énorme hublot, un mot qui veut dire ici : « fenêtre ronde par laquelle les Baudelaires pouvaient voir les eaux sales de la Frappée ».
« ― C’est le ventre de la bête ! dit le capitaine. Ouep ! C’est le centre de toutes les opérations à bord du
Queequeg ! C’est d’ici que l’on contrôle le sous-marin, mangeons, recherchons nos missions, et jouons à des jeux de bord quand nous en avons marre de travailler !
Il progressa à travers la pièce et se baissa subitement sous l’une des machines.
― Fiona ! appella-t-il. Sors de là ! »
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