Je sais qu'on en parlé précédemment quelque part, mais la fonction de recherche de ce forum...
bref. Je me demandais comment on pourrait définir les esthétiques d'une part de l'univers d'ASoUE/ATWQ et d'autre part, de son écriture et de façon un peu précise.
J'imagine qu'un certain membre du forum (je parle de Dewey, bien sûr) a déjà bien bien bien réfléchi à la question et écrit une trentaine d'essais en mandarin et swahili sur la question, donc je me dis que ce topic va peut-être avoir une durée de vie bien limitée, mais je trouvais nulle part pour poster la question.
Pour l'univers d'ASoUE, on parle souvent de deux composantes : le gothique et le
steampunk. Pourtant, j'y réfléchissais un peu récemment et je me disais que les éléments
steampunks ont l'air de n'être vraiment présents que dans les tomes X à XII avec l'introduction en force des technologies de VFD. Le gothique, lui, semble être plus fortement présent dans les tomes I (l'architecture de la ville avec ses gargouilles, la scène d'ouverture, la tour), VI (l'obscurité et la chute) et XIII (la tempête).
J'ai l'impression que les deux ne se recoupent pas de manière satisfaisante pour couvrir la saga dans son intégralité... la présence des gargouilles dans le tome I m'a fait aussi penser à l'art grotesque, qui pourrait définir davantage les tomes IV et IX, mais ça reste assez limité également.
Quelque chose qui pourrait définir davantage la série de manière transversale serait peut-être un réalisme magique (surtout si on prend en compte ATWQ) – la scène d'ouverture de
Maître et Marguerite pourrait servir pratiquement de prototype aux scènes d'accusation du Comte Olaf. Mais encore une fois ça ne couvre qu'une petite partie de tous les livres, car l'écriture globale d'un volume est davantage focalisée sur les orphelins que sur vraiment une description/dénonciation de la société.
J'ai envie aussi de lier ASoUE à un certain existentialisme, notamment par rapport au
Procès... mais les tomes IX, XII et XIII me donnent aussi d'être le CQFD d'une grande démonstration déterministe de Lemony : le monde pervertit et tôt ou tard on est obligé de faire le mal pour les bonnes raisons (ce qui est contraire à l'enseignement GVDF)... peut-être justement utiliser l'existentialisme pour en souligner le drame ?
ATWQ est un peu plus simple du fait que les tomes ont (un peu) moins des identités visuelles différentes. Il s'agit d'un roman noir avec des éléments fantastiques. Mais il y a aussi quelque chose qu'on retrouve en filigrane dans ASoUE : une sorte de décadentisme, qui là s'exprime de manière bien plus flagrante. Et il y a aussi un peu d'horreur lovecraftienne dans le tome 3, la même qui transparaît plus doucement et froidement dans le tome XI d'ASoUE. Est-ce qu'il y a d'autres éléments ? Peut-être un certain romantisme (après tout, le thème des ruines est omniprésent) ?
Pour l'écriture de Snicket, il me semble qu'il y a des éléments du nouveau roman (place du narrateur, initiales, aspect méta, les personnages sont presque une coïncidence par rapport à l'objet de l'étude de Lemony, le dossier Snicket et le procès d'Olaf). Mais le nouveau roman ne prend pas vraiment en compte l'humour omniprésent instillé dans le texte, comme pouvait le faire le modernisme. S'agit-il alors d'un postmodernisme intégralement, quand pourtant de nombreux éléments littéraires sont issus de la tradition de la littérature jeunesse (bien que toujours subvertis) ?
En bref, je voulais parler de ça et avoir des avis sur la question, parce que c'est un peu flou pour moi et ça m'intéresserait de voir comment vous vous représentez les styles de ces sagas.
Je pense qu'on aura du mal de toute façon à trouver une étiquette globale, et tant mieux.