Les autres Désastreuses Aventures :
un roman derrière le roman
ou
Examen spéculatif des aboutissants secrets
derrière l'intrigue de la série
TOME I
L’origine exacte de l’incendie n’est délibérément jamais clarifiée dans la série ; Olaf est soupçonné d’en être l’auteur, mais il ne confirme ni n’infirme cette théorie. Esmé, ou n’importe quel VDC appartenant à l’autre bord du Schisme, pourrait tout aussi bien avoir réduit en cendres la demeure Baudelaire. Que s’est-il donc passé, exactement ?
La première donnée, capitale, à garder à l’esprit, c’est la prévoyance des parents Baudelaire et leur comportement inhabituel :
p.2 The three Baudelaire children lived with their parents in an enormous mansion at the heart of a dirty and busy city, and occasionally their parents gave them permission to take a rickety trolley-the word “rickety”, you probably know, here means “unsteady” or “likely to collapse”-alone to the seashore… On that particular occasion, the Baudelaire parents not only gave their children permission but encouraged them to leave the house, as the adults had some pressing business to attend to. This business was delayed indefinitely due to death. Also note that the trolley has since collapsed, and its remains were recycled into the foundation of a hotel.
[The Bad Beginning: Rare Edition, p.171]
De ces indications, on déduit que les parents Baudelaire auraient délibérément éloigné leurs enfants de la demeure dans le but de gérer une affaire urgente. Il n’est pas déraisonnable d’en déduire que leur maison devait accueillir quelque visiteur important, lié à VDC, et que les enfants ne devaient pas voir… Ou qui ne devait pas voir les enfants. On peut raisonnablement se demander si Lemony n’était pas cet hôte controversé.
p.6 One of the things Violet, Klaus, and Sunny really liked about their parents was that they didn’t send their children away when they had company over, but allowed them to join the adults at the dinner table… The Baudelaire table was not used exclusively for dinner. Its surface was handy for unrolling maps, completing jigsaw puzzles, and tracing the faces of people from photographs. One thing I remember from my time at the table was that it was always necessary to use a coaster underneath one’s beverage so as to not leave an unsightly ring on the wood.
[The Bad Beginning: Rare Edition, pp.171-172]
Lemony est, rappelons-le, en cavale, et, sa mort n’ayant pas encore été prononcée, la police le recherché activement à cette époque. Nous avons, durant la série, de nombreuses mentions de l’impossibilité pour Lemony de voir Béatrice, de l’interdiction formelle qu’on lui en a fait. Il semble donc extrêmement improbable que Lemony, comme l’indique ce passage, ait souvent siégé à la table de la demeure Baudelaire. On peut à la rigueur songer qu’il y a dîné régulièrement lors de ses jeunes années, mais il semble bien, ici, parler de la salle à manger au temps où Violette et Klaus, eux-mêmes, y soupaient. Son commentaire sur les sous-verres tend à renforcer, comme on le verra plus loin, cette impression.
Si Lemony s’y est attablé, c’est donc très probablement dans des circonstances exceptionnelles et dangereuses, qui pourraient, par exemple, justifier d’éloigner les enfants. Le danger traîne aux basques de Lemony. Celui-ci était donc très probablement à l’intérieur de la demeure Baudelaire le matin de l’incendie, et sa présence est sûrement à l’origine du désastre qui suivit. On peut imaginer que Lemony ait été suivi à la trace par des VDC de l’autre bord du Schisme qui se seraient servi de lui pour pénétrer dans la maison, ou que l’un d’entre eux se soit fait passer pour Lemony et ainsi abuser la confiance des parents Baudelaire.
Il y a même un candidat à ce titre : Olaf.
pp.12-13 Here and there, the children could see traces of the home they had loved: fragments of their grand piano, an elegant bottle in which Mr. Baudelaire had kept brandy, the scorched cushion of the windowseat where their mother liked to sit and read. Curiously enough, Mr. Baudelaire’s brandy bottle was found on the remains of the dining table, with no coasters nearby. This would indicate that either the coasters were burned beyond recognition, or the Baudelaires had received a visitor who had no manners whatsoever.
[The Bad Beginning: Rare Edition, pp.173-174]
p.98 But Count Olaf just sat there as calmly as if they were discussing the weather. Certain kinds of weather-severe rainstorms, for instance-have a dampening effect on fires, which is displeasing to arsonists. There have been reports of alleged arsonists so reportedly displeased with the weather that they have been rumored to pound their beverages on an unprotected wooden table.
[The Bad Beginning: Rare Edition, p.179]
Ces passages semblent suggérer que le matin de l’incendie, Lemony et Olaf étaient attablés avec les parents Baudelaire dans leur demeure, et qu’ils y sont restés assez longtemps pour voir Olaf marquer la table avec un verre de brandy, en colère du fait de la météo, qui aurait compromis un incendie. Ces allusions compliquent l’analyse de l’évènement car elles ne cadrent guère avec l’idée que nous nous faisons d’Olaf, traquant Lemony, l’utilisant pour s’introduire dans la demeure Baudelaire, y mettant le feu et, voyant que la pluie compromet ses plans, frappe de son verre la table. En effet, il ne pleuvait pas le matin de l’incendie (la plage où les enfants sont envoyés est proche de la ville, et il y fait beau), et la demeure n’a eu aucun mal à brûler ce jour-là. Cela paraît étonnant, mais il est possible qu’Olaf ait effectivement été, à l’origine, un visiteur au sens littéral (voir le passage), et non un intrus.
La question se pose donc : pourquoi les parents Baudelaire inviteraient-ils l’un de leurs pires ennemis à leur table ? Les relations entre VDC des deux bords du Schisme en sont-elles arrivées à ce point de civilité qu’ils se reçoivent les uns chez les autres ? Quand on y pense, il est étonnant que la demeure Baudelaire ait tenu si longtemps debout, sachant qu’Olaf vivait dans la même cité, qu’Esmé travaillait dans son quartier bancaire. Y-avait-il des accords de non-agression tacites ? Ce n’est pas impossible : dans le troisième tome des Fausses Bonnes Questions, Théodora réussit à négocier avec Hangfire un accord pour protéger Lemony et fermer les yeux, en échange, sur ses agissements criminels. Même les VDC du bon bord ne sont pas au-dessus de ce genre de manœuvres discutables.
On peut imaginer un jeu de miroir entre cette situation et celle des parents Baudelaire peu avant le début de la série, d’autant plus que les révélations du Pénultième Péril ne les peignent pas comme des parangons de vertu. Les parents Baudelaire sont des VDC bien connus, soucieux de la sécurité de leurs enfants et peu motivés à ce qu’ils intègrent un jour VDC (ils appartiennent à la génération des Fausses Bonnes Questions qui regrettent d’y avoir gâché une partie de leur jeunesse). Un certain nombre d’accords de coexistence pacifique et de non-ingérence se mettent en place avec leurs ennemis, souvent au nez et à la barbe des supérieurs hiérarchiques. Un beau jour, Olaf aménage dans une sinistre ruine à quelques pâtés de maison de la demeure Baudelaire, et les parents prennent peur pour leurs enfants.
Ils prennent alors l’initiative d’entrer en contact les premiers avec Olaf et de négocier un marché: la protection de leurs enfants contre un service de leur part. Olaf exige qu’on lui livre Lemony. Ce dernier court toujours, aidé par son frère et sa sœur qui rassemblent depuis des années des preuves attestant de son innocence (le fameux « dossier Snicket). Tant qu’il est en vie, il subsiste un risque qu’Olaf croupisse en prison pour tous les crimes qu’il a commis. Béatrice trahit Lemony, le contactant pour une « affaire de première importance » totalement factice, sachant très bien qu’il l’aime encore et viendra donc la voir même s’il flaire le piège. Elle lui donne rendez-vous dans la demeure Baudelaire où se trouve déjà Olaf, dans l’espoir que celui-ci parvienne à le capturer.
Les enfants Baudelaire sont renvoyés à la plage ; Olaf pénètre dans la demeure Baudelaire le premier et exige que Bertrand lui serve son brandy, tout en pestant, par pure provocation, contre les conditions météo qui l’ont empêché, il y a peu, d’incendier les Jardin Royaux (nous verrons plus tard pourquoi il s’agit, spécifiquement, de cet endroit dont il parle). Lemony arrive ensuite dans des circonstances rocambolesques, ayant de peu échappé à la police. Il découvre la supercherie et tente d’échapper à Olaf, qui n’est de toute façon pas très coopératif et se moque de la naïveté des parents Baudelaire : comment ont-ils pu penser une seule seconde qu’il épargnerait la famille des assassins de ses parents ? Lemony parvient à s’échapper des griffes d’Olaf. Suite à cela l’incendie se déclare, piégeant les parents Baudelaire à l’intérieur tandis que Lemony et Olaf prennent la fuite. On peut effectivement imaginer que c’est Olaf qui a mis le feu à la maison… Ou les parents Baudelaire eux-mêmes, qui désiraient en réalité attirer Olaf chez eux pour l’assassiner par les flammes, exploitant habilement son désir maladif de capturer Lemony.
Ayant assisté, impuissant, à la « mort » de sa bien-aimée, Lemony s’organise immédiatement. Son statut de fugitif l’empêche d’agir sur place, aussi il dépêche Brett Helquist pour effectuer des croquis de l’incendie et des décombres, Meredith Heuer, des photographies. Quant à M. Poe, il a très vite été prévenu de l’incendie et s’en va immédiatement chercher les Baudelaire à la plage. À ce titre, Lemony semble avoir, un temps, soupçonné M. Poe d’avoir lui-même trempé dans l’incendie ce jour-là :
p.5 She felt the slender, smooth stone in her left hand, which she had been about to try to skip as far as she could. She had a sudden thought to throw it at the figure, because it seemed to frightening.
[The Bad Beginning: Rare Edition, p.171]
Il y a, plus tard dans ce livre, un passage emblématique attestant que contrairement à ce que la sagesse populaire prétend, les premières impressions sont souvent justes : Olaf paraît aux orphelins abominable en tous points, et il se révèle effectivement abominable en tous points. Ici, Violette voit la silhouette de M. Poe et la trouve menaçante. Était-elle dans le vrai ? M. Poe était-il, pour sa famille, une menace ?
p.6 Mr. Poe took off his top hat… The height of a top hat provides a good-sized hollow space over the head of the wearer, which can be used as a hiding place. If one is using a top hat for such purposes, it is important to remember that one must remove it very carefully. Also, an earlier draft of The Bad Beginning uses this phrase instead: Mr. Poe took off his top hat carefully.
[The Bad Beginning: Rare Edition, p.172]
Qu’aurait-il pu cacher dans le creux de son chapeau ? Probablement, puisque cet évènement a lieu le jour de l’incendie, un objet volé par Olaf dans la demeure Baudelaire plus tôt ce matin-là. On voit qu’Esmé et Olaf ont tendance à collectionner les trophées : Esmé possède une combinaison de ski ayant appartenue à Béatrice (DAOB, Tome X, chp.6) et Olaf a accroché, chez lui, la tête empaillée d’un lion ayant appartenu aux parents Baudelaire :
p.23 …the stuffed head of a lion, which was nailed to the wall. For more information about the abuse of lions, interested parties might turn to Book the Ninth. Professional lions are often named after their trainers, but I have been unable to determine if the lion on Count Olaf’s wall was Beatrice or Bertrand.
[The Bad Beginning: Rare Edition, pp.175-176]
Quel était cet objet de première importance, subtilisé dans la demeure Baudelaire, que M. Poe, travaillant pour Olaf, aurait pu ainsi cacher sur sa personne avant d’aller à la rencontre des orphelins ? Ce devait être un objet le concernant, et les concernant, directement… Donc, probablement le véritable testament des parents Baudelaire, qu’Olaf, plein de bon sens, aurait retrouvé, et donné à M. Poe pour le contrefaire ou le détruire, afin que les enfants et la fortune tombent sous sa coupe. Lemony semble néanmoins avoir abandonné cette théorie :
p.7 Violet, with some embarrassment, felt the stone in her left hand and was glad she had not thrown it at Mr. Poe.
[The Bad Beginning: Rare Edition, p.172]
pp.9-10 …Violet had to drop the stone she was holding. Dropping a stone you had been thinking about throwing at someone might mean that you believe violence to be an immoral and ineffective way of solving problems, which instead increases the amount of strife, turmoil, and bruises in the world, which in turn only encourages other people to pick up stones.
[The Bad Beginning: Rare Edition, p.173]
Exit cette théorie cartonnée par Lemony lui-même, donc, qui l’a excisée du manuscrit final. M. Poe n’est rien de plus que le crétin qu’il paraît être, sans quoi ses actions dans la série n’ont aucun sens (Handler le confirme dans un entretien). S’il a connaissance de VDC, sa compréhension doit en être très limitée et il ne doit pas en faire partie directement.
Ce qui est intéressant, néanmoins, c’est que ces soupçons, peu après l’incendie, aient pesé sur M. Poe, qu’on ait considéré cette duplicité crédible. Après tout, M.Poe a un passé dans le monde du spectacle (voir Tome XIII) et il existe une tenue de banquier dans le kit de déguisement officiel de VDC…
Les semaines qui suivent font en effet l’objet d’un immense imbroglio factuel et juridique pour les deux bords de VDC. La question des circonstances de l’incendie se pose, de même que le destin à réserver aux trois nouveaux orphelins, ainsi qu’à leur héritage. Le texte mentionne que M. Poe est presque totalement absent de chez lui, tant la gérance de l’héritage Baudelaire lui prend du temps. Les Baudelaire passent un certain temps chez lui, ce qui suggère que leur trouver un tuteur a dû être particulièrement compliqué. On peut tout à fait imaginer que les deux bords de VDC ont bataillé pour se saisir de la garde des enfants et de l’argent. Kit Snicket, dans le douzième tome, se voit posée la question qui dérange : pourquoi l’organisation VDC ne s’est-elle pas immédiatement occupée des orphelins Baudelaire après l’incendie ? Sa réponse est sans appel : ils l’ont été ! Par Olaf, car Olaf est un VDC.
Il semble donc qu’il y ait eu des jeux d’influence pour la garde des enfants, chaque bord tentant d’influencer M. Poe. Les « bons » VDC on l’avantage du nombre pour les tuteurs, pouvant compter sur leurs membres présents dans l’arbre généalogique des Baudelaire (Monty & Joséphine) et capables d’accueillir chez eux les orphelins pour les former. Néanmoins ce sont les « mauvais » VDC qui finissent par convaincre M. Poe, aidés en cela de sa sœur Eleonora, qui est totalement sous leur influence, ainsi que d’Esmé, qui est, on le rappelle, sixième meilleure conseillère financière de la ville.
p.14 …a well-respected member of the banking community. For more information on respected members of the monetary community, interested parties might turn to my studies of Esmé Squalor, the city’s sixth most important financial advisor.
[The Bad Beginning: Rare Edition, p.174]
Elle travaille dans le quartier bancaire où se trouve la banque de M. Poe : Esmé est donc une de ses collègues, et il y a fort à parier qu’elle s’est « dévouée » pour « conseiller » à M. Poe d’envoyer les orphelins chez Olaf. C’est d’autant plus probable que le travail de M.Poe semble être mis sous le sceau de la confidentialité : Olaf est obligé d’enquêter via Olivia/Lulu pour déterminer qui sont les nouveaux tuteurs des orphelins. Par ailleurs M. Poe n’a jamais jugé utile de révéler aux orphelins Baudelaire qu’Esmé n’était autre que la responsable financière en charge de la fortune de leurs amis les triplés Quagmire (voir tome X). Le travail de M. Poe est sans aucun doute affaire de décisions secrètes et complexes.
p.18 They passed the Fickle Fountain… Please see my note to page 62.
[The Bad Beginning: Rare Edition, p.175]
p.62 …the Fountain of Victorious Finance… Readers of Book the Seventh will remember that fountains are like top hats in that they provide hollow spaces in which things can be hidden (please see my note to page 6), and I imagine the damp surroundings of a fountain’s innards would be comforting if the person hiding inside had recently survived a fire.
[The Bad Beginning: Rare Edition, p.178]
C’est également durant cette période de temps stratégique que se met en place le convoi du très controversé « survivant de l’incendie. » On a été jusqu’à mettre en doute son existence (cette théorie est d’abord, dans la série, formulée par Olivia, qui avoue elle-même qu’il ne s’agit là que d’une pure supputation) mais l’Autobiographie non-Autorisée semble l’accréditer, via l’intrigue Sebald, par les faits. De même, Lemony se met à supposer l’existence, dans l’une ou l’autre fontaine, d’une personne cachée durant le Tome I suite à l’incendie. La Fontaine de la Finance Victorieuse fait l’objet d’une attention toute particulière : son rôle est central dans les Fausses Bonnes Questions car elle construite à l’entrée d’un réseau de tunnels menant à un lieu lié à VDC, plus tard Kit Snicket, dans l’Autobiographie, tente d’y retrouver des documents importants… La petite Sunny, elle-même, se souvient dans le Tome XIII que sa famille l’avait amenée voir cette fontaine, souvenir d’un temps plus heureux. Si Béatrice a échappé à l’incendie via le passage secret de sa maison menant au 667, c’est donc là qu’elle se cachait. Il aurait été compliqué pour elle d’entrer en contact avec sa famille, pour la bonne raison qu’elle a déjà dû passer un certain temps coincée dans la cage d’ascenseur, sans moyen de parvenir au sommet : elle n’a dû son secours qu’à certains alliés, au courant de l’existence du passage secret, qui ont eu le bon sens de fouiller là. Suite à quoi ses brûlures, la dissuasion de ses alliés et la présence d’Olaf auprès de ses enfants auraient suffi à l’en éloigner. Nous verrons plus tard en quoi Lemony, Bertrand et Jacques ne sont pas de très bons candidats au titre de survivant de l’incendie.
p.18 They passed an enormous pile of dirt where the Royal Gardens once stood. For more information on the destruction of the Royal Gardens, interested parties might turn to the following articles in The Daily Punctilio, the city’s newspaper: “Arson suspected in Destruction of Royal Gardens,” by Jacques Snicket, and “Absolutely No Arson or Any Other Suspicious Thing Associated with the Royal Gardens, which Simply Burned to the Ground and Then Were Covered in Dirt Due to Wind, Says Official Fire Department,” by Geraldine Julienne. Incidentally, the Royal Gardens had several ornate wooden benches ideal for sitting and reading, or for contemplating the more exotic plants contained in the Poisonous Pavilion. All of these benches where lost in the destruction except one, which has since been moved to the lobby of a hotel. It is easily recognizable due to a small unsightly ring, left by someone who did not use a coaster underneath his or her beverage.
[The Bad Beginning: Rare Edition, p.175]
p.35 “I can tell you it concerns a poisonous plant and illegal use of someone’s credit card.” Despite Geraldine Julienne’s article in The Daily Punctilio “No Poisonous Plants Were Removed from Royal Gardens Prior to Destruction, Official Fire Department Reports.” I have reason to believe that the poisonous plant Justice Strauss referred to was removed from the Royal Gardens prior to its destruction.
[The Bad Beginning: Rare Edition, p.177]
Apparemment, c’est également durant cette période que sont brûlés, par Olaf, les Jardins Royaux. Il laissa au passage une trace de verre sur l’un des bancs, qui finit par être embarqué à l’Hôtel Dénouement et sur lequel les orphelins Baudelaire, beaucoup plus tard, vinrent à s’asseoir. Cet incendie semble avoir eu pour objectif de couvrir le vol d’une plante vénéneuse, qui fut peu après l’objet d’un procès auquel participa la Juge Strauss (et ses deux collègues de la Haute Cour, visiblement). Jacques Snicket tenta de révéler la vérité sur l’incendie et le vol avant de se faire couper l’herbe sous le pied par Géraldine Julienne et Eleonora Poe. Cette affaire, apparemment secondaire, finira, comme on le verra, par prendre une importance insoupçonnée dans le Tome XII. On remarquera que dans la traduction française la Juge Strauss affirme que le procès impliquait une « carte de crédit, » mais la lecture de la version originale suggère plutôt une « carte de visite, » du genre de celles, falsifiées, qu’utilisent les VDC pour s’extirper de situations embarrassantes. Il semblerait que la Juge Strauss ait été à deux doigts de prouver que l’incendie des Jardins Royaux n’était pas naturel et que la plante en question avait été volée là-bas, et que ses collègues soient intervenus pour lui voiler la face.
Et qu’advient-il de Lemony, pendant tout ce temps ? Eh bien, il commence son travail de recherche, tant bien que mal. La mort de Béatrice n’est pas encore un fait établi, à l’époque. Il est possible que la véritable raison pour laquelle Lemony s’est mis à surveiller les orphelins n’était autre que l’espoir que leur mère, si elle était vivante, vienne les chercher. Les observer était le meilleur moyen de retrouver Béatrice.
p.25 They wondered how many other eyes were in Count Olaf’s house, and whether, for the rest of their lives, they would always feel as though Count Olaf were watching them even when he wasn’t nearby. Access to Count Olaf’s house has proven nearly impossible, so I have been unable to count the number of eyes it contains, and naturally that number of eyes would change depending on how many people, animals or potatoes were in the house at the given time. This is particularly troublesome when one thinks of the number of flies that a bowl of apple cores would attract. Also, my sister has proposed that some of these eyes hid secret peepholes, cameras, or microscopic lenses, as in the Baudelaire home.
[The Bad Beginning: Rare Edition, p.176]
p.55 …if anyone had looked into the Baudelaire orphans’ bedroom… Two people did, of course.
[The Bad Beginning: Rare Edition, p.178]
Ces passages confirment que Lemony tentait déjà de surveiller la maison du Comte Olaf à l’époque où les orphelins y séjournaient. Les « deux personnes » qui ont épié les orphelins la nuit suivant le désastreux dîner de Puttanesca sont bien évidemment Olaf (qui les espionne depuis les œillères et judas qu’il a installés dans ses murs) et Lemony (par la fenêtre), sans quoi il ne serait pas capable de décrire la scène. Tout au long de la narration, Lemony répète à qui veut l’entendre qu’il n’a pas le courage et la probité morale des orphelins… Et en effet, savoir qu’il s’est penché d’aussi près, et aussi tôt dans la série, sur leurs cas sans leur apporter la moindre assistance, ne joue guère en sa faveur.