La Fin en VF : La Totale.

Ah ben clair, c'est un plus non négligeable !

Comme je l'ai dit dans ma présentation, j'ai un avis mitigé sur ce dernier tome. De manière générale c'est bon, on ne s'ennuie pas. Mais si certains points me semblent très positifs, et d'autres font vraiment dommage.

Du côté positif, ce tome achève de brouiller la frontière entre le Bien et le Mal qui était si tranchée au tout début de la saga. Ishmael et son groupe sont des personnages fascinants, je ne sais pas dans quel camp les classer. Ils sont les seuls à percer les stratagèmes et costumes du Comte Olaf, chapeau déjà. Ce dernier est le grand point positif de cet album: j'ai été littéralement scié de le voir révéler un côté sensible et compatissant lorsqu'il apprend que Kit Snicket est mourant. Le baiser volé et l'ultime échange entre ces deux personnages m'a d'ailleurs fendu le coeur. "Une seule bonne action ne peut rattraper une vie entière consacrée au crime" et "Pas envie d'être pardonné" venant d'un Olaf au bord des larmes. Les Baudelaire ne sont pas en reste, eux qui envisagent sérieusement de tuer un homme de sang-froid au tout début du livre -qui aurait imaginé ça dans le tome 1 ? Je trouve que la relation entre les Orphelins et leur tourmenteur a pris un tour ambigu dans ce tome: il leur a fait subir l'enfer sur terre, mais les a fait devenir ce qu'ils sont aujourd'hui. Il les a rendu plus fort et les a fait sortir de leur cocon surprotégé. Si ma mémoire est bonne Olaf ne manque pas de soulever ironiquement ce point.

Du côté négatif, j'aurais vraiment aimé que l'auteur explique au moins une partie des nombreux mystères autour de VDC. Je conçois bien que des éléments tels que le Sucrier et le Grand Inconnu sont par définition condamnés à demeurer entourés d'une nappe de brouillard... mais j'aurais bien aimé une ultime explication entre les Baudelaire et Kit, où cette dernière leur raconte par exemple les origines de VDC, du schisme, ce qu'il s'est passé lors de cette fameuse séance à l'opéra, lequel de leurs parents est encore en vie, la véritable nature de la relation entre les Snicket et Olaf... Juste histoire de ne pas laisser le lecteur frustré à ce point. C'est d'autant plus malsain qu'on a l'impression que l'auteur fait exprès de nous laisser autant sur notre fin pour nous forcer à acheter ses futurs livres --

Mais c'est grâce à cette fin ouverte qu'on est toujours là, dix ans plus tard, à décortiquer les bouquins pour trouver des réponses à nos questions. Je ne pense pas que Handler ait fait ça pour des raisons mercantiles. Il nous a habitués à nous interroger, à théoriser, à chercher dans les moindres détails, à aiguiser notre curiosité. Au contraire, je dirais que cette Fin qui n'en est pas une, c'est une marque de respect absolu pour ses lecteurs les plus assidus.